Guerre de Troie - Suite de l'Iliade - Philoctète
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Le puissant Priam avait envoyé le héraut Ménétès vers Agamemnon et vers les autres Achéens, demandant qu'il fût permis de brûler les morts. Les Achéens y avaient consenti, pleins de respect pour ceux qui avaient fini la vie ; car la colère ne les poursuit plus. On éleva donc aux cadavres de larges bûchers, puis les Achéens retournèrent dans leurs tentes, et les Troyens rentrèrent dans la ville de l'opulent Priam, affligés profondément de la mort d'Eurypyle ; car ils l'estimaient autant que les fils de Priam ; c'est pourquoi ils l'ensevelirent à l'écart des autres morts, devant la porte Dardanienne, là où le Xanthe torrentueux roule ses flots larges
Les Grecs sortirent au matin, près au combat et les Troyens comptaient rester derrières leurs murs. Mais Déiphobe (autre fils de Priam) les encouragea à reprendre la lutte. Près du Scamandre, les Achéens avaient de grandes difficultés tandis qu'ailleurs les Princes Troyens ramenaient au combat ceux qui les fuyaient.
C'est alors que le fils du puissant Achille se précipitait contre le noble Déiphobe, et une poussière épaisse s'élevait sous le pied de ses chevaux. Le vaillant Automédon aperçut alors le jeune Troyen, il le reconnut et dit à son maître en le lui montrant : "Prince, voici la troupe de Déiphobe, le voilà lui-même ; jadis il craignait ton père ; mais un dieu, un être céleste, lui inspire aujourd'hui une ardeur glorieuse".

Déiphobe, quoique amoureux des combats, s'arrêta, comme un feu dévorant lorsqu'il touche l'eau ; il fut saisi d'étonnement, en voyant les chevaux et le noble descendant d'Eaque (grand-père d'Achille), aussi terrible que son père ; au fond de son cœur, tantôt il voulait fuir, tantôt il voulait combattre.
Les Dieux combattent sur le terrain de Troie
John Flaxman - vers 1795
Néoptolème ayant parlé, il s'élance comme un lion sur un cerf ; les chevaux de son père font voler son char ; et sans doute il aurait de sa lance tué Déiphobe et son cocher, si Apollon du haut de l'Olympe, étendant un nuage épais devant ses yeux, n'avait transporté le jeune Troyen jusque dans la ville, où ses compagnons déjà s'étaient refugiés ; la lance du petit-fils de Pélée frappa dans le vide, et il s'écria : Un Dieu te protège et a obscurci la vue. Néoptolème s'aperçut alors que les Troyens étaient bien loin, près des portes de Scée ; il s'élança donc, semblable à son père, contre les ennemis qui redoutaient son approche. 
Alors voulant porter secours aux Troyens, Apollon s'élance de l'Olympe, couvert d'un nuage ; les vents rapides le portent, ses armes d'or brillent ; le chemin qu'il suit s'éclaire des lueurs de la foudre ; sur son dos, son carquois résonne, l'air immense retentit, et la terre gémit lorsqu'il posa le pied sur la rive du Xanthe ; alors il poussa un cri terrible qui rendit le courage aux Troyens et fit trembler les Achéens : ils n'osaient pas continuer la bataille meurtrière. L'impétueux Poséidon s'en aperçut ; il donna une force nouvelle aux Achéens qui faiblissaient. Un combat cruel s'engagea donc par la volonté des immortels, et les guerriers au grand nombre tombèrent des deux côtés. Apollon, irrité contre les Argiens, pensait à frapper le fils hardi d'Achille au même lieu qu'il avait frappé son père ; mais un oiseau qui criait à sa gauche et d'autres mauvais présages l'arrêtaient. Cependant son courroux les aurait méprisés, si Poséidon n'eût deviné ses projets ; il était enveloppé d'un nuage divin et, sous les pieds du dieu, la terre obscurcie tremblait.
"Arrête, jeune dieu, et ne livre pas à la mort le vaillant fils d'Achille. Le maître de l'Olympe s'irriterait de sa perte ; j'en éprouverais un grand regret, moi et tous les dieux de la mer, comme auparavant pour Achille. Retire-toi donc dans l'air divin, de peur d'exciter ma colère ; car, ouvrant les abîmes profonds de la terre, j'engloutirais soudain dans les ténèbres Ilion avec ses murailles, et tu aurais du regret à ton tour".
Dans légende commune c'est Ulysse, Diomède et Néoptolème qui firent le voyage vers Lemnos.
Il parla ainsi. Apollon, redoutant le frère de son père et craignant pour la ville et ses vaillants citoyens, se retira dans le ciel immense. Poséidon disparut au fond de la mer.
Philoctète fut blessé par une flèche d'Héraclès, lors du voyage vers Troie. Comme sa blessure était grave et qu'on n'arrivait pas à la soigner, Ulysse avait pris la décision de laisser Philoctète sur l'île de Lemnos avec l'arc et les flèches d'Héraclès.
Cependant les guerriers combattaient et se tuaient les uns les autres. La Discorde se réjouissait du combat ; enfin, par l'ordre de Calchas, les Achéens se retirèrent du côté de leurs vaisseaux et laissèrent le combat. Car les destins ne permettaient pas que la ville d'Ilion fût prise avant que le bouillant Philoctète, habile aux combats funestes, fût arrivé au camp des Achéens. Le devin avait reçu cet avis du vol des oiseaux rapides, ou des entrailles fumantes ; car il connaissait bien l'art des présages, et, comme un dieu, il savait toutes choses.
Suivant ses ordres, les Atrides quittèrent le combat sanglant et, sur un léger navire, envoyèrent à la populeuse Lemnos le vaillant fils de Tydée (Diomède) et le patient Odysseus (Ulysse). Tous deux bientôt à travers les larges flots de la mer Egée abordèrent à la ville d'Héphaîstos dans Lemnos riche en vignobles ; c'est là que jadis contre leurs maris les femmes avaient dressé de funestes embûches, irritées jusqu'au fond du cœur de se voir méprisées pour des femmes de Thrace, que l'ardeur et le courage des Lesbiens avaient conquises et enlevées au pays des Thraces belliqueux.
Philoctète  avec Ulysse et Néoptolème - Joseph Taillason - Bordeaux 
Cet épisode est raconté dans Jason et les Argonautes.
Les deux héros, arrivés à Lemnos, entrèrent dans la grotte de pierre où était étendu le fils de l'illustre Péan ; et ils furent saisis d'horreur en le voyant gémir au milieu de cruels tourments, étendu sur la terre dure ; beaucoup de plumes d'oiseaux jonchaient son lit, et d'autres entouraient son corps pour le protéger de l'hiver glacé. Quand la faim cruelle se faisait sentir, il lançait un trait rapide vers le point qu'il voulait atteindre ; il mangeait les oiseaux, et entourait de leurs plumes sa blessure fatale pour soulager sa douleur.
Tout son corps était consumé par la maigreur, et la peau restait seule sur ses os ; une humeur fétide couvrait son visage et de cruelles souffrances le tourmentaient ; ses yeux se creusaient, au fond de ses sourcils ; il gémissait sans cesse, car la blessure horrible avait gagné jusqu'aux os, engendrant la corruption ; et de tristes soucis le rongeaient.
Près de son gîte, était son large carquois rempli de flèches ; les unes destinées à la chasse, les autres aux ennemis ; celles-ci trempées dans le sang empoisonné de l'hydre funeste ; à ses pieds était son arc immense aux cornes tendues, fait par la main vigoureuse d'Héraclès.
Quand il vit des étrangers venir vers sa vaste caverne, aussitôt il se hâta de prendre contre eux ses traits funestes, irrité profondément à la pensée qu'ils l'avaient abandonné jadis malgré ses plaintes et ses cris sur le rivage désert de la mer. Et, sans retard, il aurait exécuté son projet homicide, si Athéna n'eût pas calmé sa colère en lui faisant reconnaître des amis. Arrivés près de lui, le visage triste, ils s'assirent à ses côtés dans la caverne profonde et lui parlaient de sa cruelle blessure et de ses longs tourments ; ils lui disaient de prendre courage et lui promettaient de guérir sa blessure après tant de cruelles souffrances, à la condition qu'il revînt à l'armée des Achéens
Philoctète  avec Ulysse et Néoptolème - Fabre - Montpellier
Ils ajoutaient que personne parmi les Achéens n'était l'auteur de son infortune ; c'étaient les Parques, à la puissance de qui nul ne peut se soustraire à sa naissance ; invisibles, elles entourent sans cesse les hommes infortunés, opprimant leurs forces selon leur caprice, ou les accroissant ; car elles donnent à tous les hommes le bonheur ou le malheur à leur gré. A ces paroles d'Ulysse et du divin Diomède, il oublia aussitôt et sans peine sa colère violente, quoiqu'il eût été profondément irrité de tous les maux qu'il avait soufferts.
En arrivant sur la plage de Troie, les Achéens; en le voyant, plaignirent tous l'illustre archer, frappé d'une blessure si cruelle. Mais Podalire, égal aux dieux, le guérit par l'effet soudain de son art ; il versa sur la blessure un baume et invoqua pieusement le nom de son père. En l'entendant, tous les Achéens joyeux célébraient par leurs cris le divin fils d'Esculape ; puis ils lavèrent Philoctète, le baignèrent d'huile avec empressement ; aussitôt sa funeste maladie s'évanouit grâce aux dieux.
Agamemnon l'Accueillit sous sa tente "Ami, l'esprit égaré par la volonté des dieux, nous t'avons abandonné dans Lemnos entourée des flots ; mais ne sois pas irrité contre nous, nous n'avons pas agi par nous-mêmes et sans l'ordre des Bienheureux ; ils voulaient nous envoyer bien des maux en ton absence ; car avec tes flèches tu excelles à jeter dans la poussière les ennemis qui te bravent. Mais si nous t'avons fait du tort et si nous t'avons offensé, nous réparerons cette faute par de riches présents, le jour où nous prendrons la ville puissante de Troie ; aujourd'hui du moins, accepte sept jeunes filles, vingt chevaux rapides, vainqueurs aux courses et douze trépieds ; tu en jouiras à toujours, et, dans ma tente, désormais au milieu des repas, on te rendra les honneurs dus à un roi".
Podalire soigne Philoctète Idrac - Paris Beaux Arts
Dans la légende commune, il fut vraiment guéri après la guerre de Troie, par Machaon, qui n'est donc pas tué comme le mentionne Quintus