Guerre de Troie - Suite de l'Iliade - Eurypyle
Home 3.jpg Aide 5.gif
loupe 7 zeus.gif Lien Qui sommes-nous.gif
Ms  
17 ©
Ménélas prit la parole; "Ecoutez les paroles que je vais dire, rois fils des dieux ! Mon cœur est affligé à la vue de nos peuples qui périssent pour défendre ma cause ! ils sont venus affronter les combats cruels ; mais ils ne reverront plus leurs patries ni leurs parents ; la loi du Destin les a couchés en foule sur la poussière. Plût aux dieux que la main puissante de la cruelle Mort m'eût frappé moi-même avant le jour où je rassemblai cette armée ; aujourd'hui, le Destin m'impose de continuelles tristesses, et je ne vois que des douleurs . . .
Dans mon intérêt et dans celui de l'imprudente Hélène, dont je n'ai plus souci ; tandis que j'ai souci de vous voir périr dans la guerre. Qu'elle périsse avec son amant adultère !"

Mais il disait cela pour éprouver les Achéens (Grecs). Car son esprit et son cœur formaient d'autres desseins et rien n'est plus terrible que la jalousie.
Hélène et Paris
Meynier Charles
Diomède lui répondit; "Lâche fils d'Atrée, pourquoi la crainte s'est-elle emparée de toi ? Pourquoi devant les Argiens parles-tu comme un enfant ou une femme sans force ? Non, les fils vaillants des Achéens ne t'obéiront pas avant d'avoir renversé à terre les murailles de Troie ; le courage est la gloire d'un homme ; la fuite le déshonore".
Calchas à son tour s'exprima; "Ecoutez-moi, fils des valeureux Argiens (Grecs) ; vous savez que je connais clairement les secrets des dieux ; jadis je vous ai prédit qu'au bout de la dixième année vous prendriez la haute citadelle de Troie. Les dieux accompliront cette promesse, et la victoire sera bientôt aux mains des Achéens. Croyez-moi donc ; envoyez à Scyros le fils de Tydée (Diomède) et le vaillant Ulysse, afin de persuader le vaillant fils d'Achille (Néoptolème) et de l'amener ici ; il deviendra la lumière de toute l'armée".
Sauf qu'Hermione était promise à Oreste, fils d'Agamemnon. Ceci se verra dans l'Orestie dans "le départ". Ménélas reprit; "Ulysse, rempart des vaillants Argiens, si le noble fils du magnanime Achille vient de Scyros, et si grâce à lui un habitant du ciel accorde à nos désirs la victoire et le retour, je lui donnerai en mariage ma fille Hermione et avec elle de grand cœur beaucoup de présents magnifiques".
Après qu'ils eurent rassasié leur faim, le prudent Ulysse et le fils de Tydée (Diomède) tirèrent un vaisseau rapide vers la mer sans bornes ; ils y placèrent des vivres et tout ce qui est nécessaire.
Pendant ce temps, les Troyens intrépides s'armaient aussi dans la ville et hâtaient les apprêts du combat, priant néanmoins les dieux de mettre fin au carnage et de les laisser respirer après tant de travaux. Exauçant leur désir, les dieux leur envoyèrent un secours puissant, Eurypyle, descendant du vaillant Héraclès. A sa suite vinrent beaucoup de guerriers habiles au combat, habitants des bords du Caïque, forts de leurs lances énormes.
Voir Héraclès - Calydon
Pâris le reçut et l'honora à l'égal d'Hector ; il était son cousin et né de la même race ; Eurypyle devait la naissance à une sœur de Priam, Astyochè, femme du valeureux Télèphe, qu'à l'insu de son père la belle Augé avait eu de l'intrépide Héraclès.
Pour Télèphe - Guerre de Troie
Ils arrivèrent enfin à la maison opulente où était assise la divine Hélène revêtue de la beauté des Grâces ; autour d'elle quatre femmes étaient à ses ordres ; les autres, hors de la chambre somptueuse, s'occupaient aux ouvrages des servantes. Hélène, en voyant Eurypyle, fut saisie d'admiration, et Eurypyle admirait aussi Hélène ; ils échangèrent les paroles de l'amitié dans la chambre parfumée.
Bouclier d'Héraclès - Gravure - BNF
Pendant ce temps, dans le palais d'Alexandre (Pâris), le fils valeureux de Télèphe (Eurypyle) mangeait avec les rois illustres ; Priam et les autres fils de Troie désiraient tous vivement qu'il engageât la lutte avec les Argiens pour les aider dans leurs malheurs. Et Eurypyle leur promit de les aider.
A la première lueur, le fils de Télèphe se leva et vint retrouver son armée, avec les autres chefs qui étaient entrés dans Ilion ; les peuples aussitôt revêtirent leurs armes avec ardeur, et tous étaient avides de combattre. Eurypyle aussi couvrit ses membres énormes d'armes aussi brillantes que des éclairs. Sur son bouclier divin étaient gravés tous les exploits que jadis avait accomplis Héraclès au cœur vaillant.
On y voyait deux serpents à la dent malfaisante, qui semblaient se mouvoir et s'élançaient impétueusement . . . et encore le lion terrible de Némée, abattu sans peine . . . A côté, était gravée l'Hydre aux cent têtes . . . Plus loin était représenté le sanglier indomptable, aux dents écumantes . . . On voyait artistement ciselée la biche aux pieds rapides . . . Près d'elle étaient les odieux oiseaux du Stymphale . . . On voyait encore l'étable immense du noble Augias, finement ciselée sur l'invincible bouclier . . . Plus loin était le taureau qui soufflait le feu . . . Sur le bouclier était représentée sous la forme des déesses la belle Hippolyte ; Héraclès de ses fortes mains lui arrachait sa riche ceinture . . . Sur la terre de Thrace paraissaient les cavales farouches de Diomède, nourries de chair humaine . . . A côté était étendu le corps de l'invincible Géryon, tué près de ses bœufs . . . avant lui avait été vaincu le plus redoutable de tous les chiens, Orthros, qui égalait par sa force le terrible Cerbère, son frère . . . Ensuite étaient représentées les pommes d'or qui brillaient dans le beau jardin des Hespérides . . . Était gravé, la terreur des dieux immortels Cerbère, que l'affreuse Echidna enfanta au terrible Typhée sous un antre horrible près de la Nuit sombre, au seuil funeste du triste Hadès . . . Gravées aussi les longues vallées du Caucase ; là, Héraclès brisait les chaînes de Prométhée . . .  et encore la troupe audacieuse des Centaures dans les palais de Pholos . . . Nessos, échappé seul à ce combat, fuyait jusqu'aux bords de l'Evénos ; là, il mourait d'une flèche que lui lança le héros, irrité de l'enlèvement de sa femme chérie (Déjanire) . . . Plus loin était figuré le terrible et vigoureux Antée . . . Ici, gisait un monstre marin percé par les flèches aiguës du héros ; et les chaînes cruelles d'Hésione étaient brisées par lui . . .
Quintus décrit ici longuement les grands travaux d'Héraclès qu'il présente gravés sur le bouclier que porte maintenant Eurypyle, son petit-fils.
Eurypyle lui-même, plein d'ardeur au milieu de son armée, semblait l'égal d'Arès ; et les Troyens alentour se réjouissaient en voyant ces belles armes et ce héros semblable aux dieux. Pâris l'anime encore au combat par de belles paroles.
Les Troyens se réjouissaient. Puis Eurypyle appelle Alexandre (Pâris), le vaillant Enée, Polydamas terrible à la lance, le divin Pammon, Déiphobe, Aéthicos, qui, plus que tous les Paphlagoniens, savait dans le combat soutenir le choc de l'ennemi ; tous étaient habiles à combattre.
Les Argiens d'abord repoussèrent les phalanges troyennes à quelque distance ; mais les Troyens de nouveau s'élancèrent avec impétuosité et couvrirent leurs armes de sang. Eurypyle, parmi eux, semblable à un noir tourbillon, bravait toute l'armée ennemie et massacrait avec fureur les Argiens. Zeus lui avait donné une vigueur irrésistible, par honneur pour le noble Héraclès.
Il s'élançait pour enlever au vaincu (Nérée) ses armes brillantes ; mais en face de lui parut Machaon, irrité de la mort de Nérée, tué à ses côtés. De sa lance homicide, il atteignit l'épaule droite, large et puissante d'Eurypyle ; le sang du héros terrible jaillit. Ce dernier se précipite sur Machaon et aussitôt le blesse à la hanche droite de son javelot long et lourd.  L'intrépide Eurypyle lui traverse la poitrine d'un coup de lance ; le fer sanglant pénètre jusqu'au dos.
A ce moment, Podalire apprit que son frère Machaon avait succombé et qu'il gisait dans la poussière ; il était près des vaisseaux, soignant les blessures que la lance ennemie infligeait aux guerriers
Les deux frères étaient les médecins des Grecs, fils d'Asclépios, et combattaient également. La mort de Machaon à ce moment pose un problème car plus tard, il soigne - dans la légende commune - Philoctète qui n'est pas encore revenu de Lemnos. 
Eurypyle pressait les Grecs, précipitant sur eux la mort ; peu d'entre eux demeurèrent dans la mêlée avec Ajax, fils d'Oïlée, et les valeureux Atrides. Et tous sans doute auraient péri sous la main des ennemis dans ce combat suprême, si le fils d'Oïlée (Ajax le petit) n'eût frappé de sa lance le sage Polydamas, à l'épaule droite, près du sein ; le sang jaillit, et le guerrier s'éloigna. L'illustre Ménélas blessa Déiphobe au sein droit, et Déiphobe s'enfuit d'un pied rapide. Enfin le divin Agamemnon égorgea une foule de guerriers ennemis et, fier de sa lance, attaqua le divin Ethicos ; mais celui-ci se cacha parmi ses compagnons.
Le Combat - Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson
Compiègne - 1814
Eurypyle est mentionnée dans la petite Iliade au fragment 1. Il est tué par Néoptolème. Ceci date l'ancienneté de cette légende dont Quintus a eu lecture à son époque.
Mais Eurypyle menaçait toujours plus les Grecs de la mort, les poursuivait de près, les frappait et exhortait à grands cris les Troyens et leurs alliés dompteurs de coursiers. (Les Troyens étaient réputés grands cavaliers).
Et sans doute alors les Troyens auraient incendié les navires, si la nuit rapide ne fût venue, apportant ses voiles épais. Eurypyle se retira et, avec lui, les fils des Troyens, mais sans s'éloigner des navires. Joyeux, ils établirent leur camp près des rives du Simoïs, tandis que près de leurs navires les Argiens gémissaient étendus sur le sable, accablés de tristesse.