Ovide - Les Métamorphoses - livre XIV vers 101
A Cumes, la Sibylle apprend à Enée le secret de sa longévité

Il laisse les remparts de Parthénopé (Naples) et sur sa gauche le tombeau de son trompette (Misène, le trompette d'Enée s'était mesuré avec Triton et avait perdu. Triton l'avait fait périr noyé près du cap qui prit son nom). Il aborde le rivage de Cumes et pénêtre dans l'antre de la Sibylle. Il lui demande de pouvoir traverser l'Averne (une des portes des Enfers) et aller jusqu'aux mânes de son père (Anchise).

La Sibylle entre en transe et lui dit "C'est beaucoup demander, mais je serais ton guide. Arrache le rameau d'or de la forêt de la Junon de l'Averne (ce terme désigne ici Perséphone, l'épouse d'Hadès)". Enée obéit et vit le puissant empire où Orcus (Hadès) fait régner la terreur. Il vit son père Anchise, apprit les lois de ces lieux, et les périls qu'il devait braver au cours de nouvelles guerres. Revenu sur terre, il remercia la Sibylle et lui proposa de lui élver un temple et d'y faire bruler l'encens. Elle lui répondit "Je ne suis pas une déesse, et mon éternelle clarté, n'aurait jamais pris fin, si je m'étais donné à Phoebus (Apollon, dieu de la divination) qui m'aimait. Il me demanda ce que je souhaitais, et, ramassant une poignée de poussière, je la lui montrais et souhaitais voir autant de jours que cette poussière contenait de garins. Il m'aurait donné l'éternelle jeunesse si je subissais l'ardeur de son amour, mais ayant dédaigné ce dernier présent, la vieillesse vint avec ses tristesses."

Un jour viendra, lorsque trois cent fois elle verra tomber la moisson ou couler le vin du pressoir, où le nombre de grains égalera le nombre de ses années. Mais si elle s'amenuisera de vielliesse au point de n'être même plus reconnue par Phoebus, mais les destins lui laisseront sa voix (allusion à la disparition de la Sibylle de Cumes, lorsqu'elle remetttra au terme de sa vie, les livres sibyllins à Tarquin).